Depuis six ans, « Au fil d’Oriane » collecte des fonds au profit de l’Institut Bergonié et, si l’essentiel de cet argent est destiné à la recherche, une partie est consacrée au soutien financier de « Sur un lit de couleurs ». En effet, pour avoir fréquenté l’Institut pendant de longs mois et y avoir vécu aux côtés de notre fille malade, mon épouse et moi savons à quel point le temps passe lentement lorsqu’on est contraint de vivre au rythme de la maladie dans une chambre d’hôpital. A quel point aussi elle peut enfermer le patient dans un espace clos et obsessionnel. Alors, lorsque Christine Géricot nous a fait découvrir, à travers un reportage bouleversant, l’initiative qu’elle avait prise à Gustave Roussy, nous avons immédiatement pensé qu’il serait vraiment utile de reproduire cette expérience dans le service du docteur Bui. Ainsi, désormais, deux après-midi par semaine, les patients peuvent sortir de leur chambre et se rendre dans une salle où, avec l’aide bienveillante de Daphné, professeur d’arts plastiques, ils découvrent les bienfaits de la création artistique. Pendant quelques heures, ils accèdent alors à un autre espace dans lequel ils peuvent, non pas sans doute oublier leur maladie, mais s’en délivrer d’une certaine façon en exprimant par le biais de la peinture ou du dessin l’indicible qu’ils ne sauraient sans doute faire surgir et partager autrement. De là des productions émouvantes, surprenantes car, comme l’écrivait Proust, « les oeuvres, comme dans les puits artésiens, montent d’autant plus haut que la souffrance a plus creusé le coeur ». Voilà pourquoi nous contribuons à cette proposition qui rejoint la volonté de l’Institut de toujours conserver au patient son statut de personne.
Béatrice et Georges AMBROISE